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Crise climatique :
les cinq défis du secteur bancaire

Les gouvernements, les entreprises et les individus doivent faire leur part pour limiter la crise climatique. Mais qu’en est-il des banques en particulier? Avec les fonds dont elles disposent, comme ceux venant de l’épargne, les banques financent des projets. Or, il est difficile de savoir si ces projets sont réellement « verts », par exemple. En effet, pour lutter contre le réchauffement climatique, des efforts restent à faire dans le domaine financier. Pourquoi? À l’heure actuelle, cinq raisons l’expliquent :
 

  1. Il est impossible de comparer des produits « verts » entre eux
  2. Les banques ne rapportent pas toute leur empreinte carbone
  3. Les risques climatiques devraient être mieux considérés
  4. Des plans d’actions climatiques sont nécessaires
  5. Les mesures volontaires ne suffiront pas

Des constats préoccupants

automobile

Une seule banque canadienne de taille moyenne finance plus d’émissions polluantes que n’en produit le secteur du transport

échange

Notre argent représente notre premier poste d’émissions de CO2

monnaie

Un solde de 25 000 $ dans une banque suffit pour qu’une personne du Québec finance de 65 à 94 % de son empreinte carbone annuelle

Il est impossible de comparer les produits « verts » entre eux

Quand on place son épargne dans un produit financier dit « vert », rien ne garantit que cet argent soutient un projet réellement durable. En effet, ce qui est considéré comme « vert » ou « durable » au Canada ne fait pas l’objet d’une définition uniforme.

Pourtant, une telle définition permettrait de comparer les banques et leurs produits financiers. C’est pourquoi, une meilleure réglementation est essentielle. Car les personnes qui épargnent ou investissent pourraient alors faire des choix éclairés.

Par exemple, selon notre étude, les huit grandes banques canadiennes présentent certains produits financiers liés aux énergies fossiles, comme participant à la transition énergétique.

Or, la combustion des énergies fossiles (comme le pétrole ou le gaz) est l’une des causes principales de la pollution atmosphérique. Ainsi, des produits « verts » peuvent soutenir des activités à haute intensité en carbone.

 

ampoule
Le saviez-vous?

En 2020, l’Union européenne a adopté un « label vert » qui permet d’identifier, de façon claire, les produits financiers qui sont compatibles avec la neutralité carbone.

Les banques ne rapportent pas toute leur empreinte carbone

Les banques canadiennes rapportent une partie de leur poids carbone seulement. En effet, une plus grande transparence est nécessaire pour connaître la totalité des projets polluants qu’elles financent, au moyen des leurs crédits et investissements.

Selon notre étude, ces « émissions financées » représentent près de 2 milliards de tonnes équivalent CO2 pour l’année 2020. Cela fait en sorte que si nos huit principales banques formaient un État, elles seraient au 5e rang mondial des pays émetteurs de gaz à effet de serre (GES).

Même si la plupart des grandes banques se sont engagées à divulguer l’ensemble de leur empreinte carbone, en multipliant leur affiliation à des groupes en matière environnementale, il faut maintenant passer aux actes.

 

Les risques climatiques devraient être mieux considérés

Les changements climatiques exposent les banques à plusieurs types de risques financiers. Ces risques sont liés à des événements prévisibles, comme :

  • le déclin des industries pétrolières et gazières (« bulle du carbone »)
  • la hausse de la tarification carbone (risques de transition)
  • la multiplication des catastrophes naturelles (risques physiques)
  • ou le versement d’indemnités à la suite de poursuites ou de réclamations (risques de responsabilité)

La crise climatique actuelle exige que ces événements soient mieux pris en compte par les banques. D’autant plus que le secteur financier participe à la réalisation de ces risques en contribuant aux changements climatiques.

Une meilleure réglementation est donc nécessaire pour permettre aux banques de se préparer. Si le secteur financier continue à minimiser ces risques, les banques ne seront pas les seules à payer le prix de l’inaction. Les ménages et les propriétaires d’entreprises notamment en seront directement affectés.

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Le saviez-vous?

La « bulle du carbone » est une idée développée par le groupe anglais Carbon Tracker, en 2011, selon laquelle la valeur des actifs dans le secteur des énergies fossiles risque de diminuer, provoquant ainsi l’éclatement d’une bulle économique dans ce secteur.

Carbon Tracker (2011)

Des plans d’actions climatiques sont nécessaires

graphique du ratio carbone de 8 institutions de dépôt

Même si les banques canadiennes ont un portefeuille « durable », il est minime en proportion du reste. En effet, les projets « verts » qu’elles financent (ou émissions économisées) ne compensent pas les projets polluants qu’elles financent (ou émissions financées). Selon notre étude, pour 100 tonnes d’émissions polluantes financées, les banques canadiennes n’en économisent que 5 en moyenne.

Pourtant, la plupart des banques canadiennes se sont engagées à atteindre la carboneutralité d’ici 2050. Cela veut dire qu’elles se sont engagées à une compensation totale. Ainsi, elles devront financer autant de projets polluants que de projets visant à réduire ou éviter l’émission de gaz à effet de serre.

Alors, comment respecteront-elles leurs engagements en moins de trente ans? Sans un plan d’actions clair, cela parait impossible. C’est pourquoi il faut que nos banques élaborent, adoptent et publient des plans d’actions réalistes. Ces plans doivent contenir des moyens d’actions concrets et des cibles intermédiaires à atteindre.

Les mesures volontaires ne suffiront pas

Les règles en vigueur n’obligent pas les banques canadiennes à adopter des objectifs concrets pour atteindre la neutralité carbone, ni à divulguer leur plan d’action pour le faire. Face à l’urgence climatique, nous ne pouvons attendre que le secteur financier canadien se contraigne de lui-même. Il est essentiel qu’une règlementation le mène vers plus de transparence, de cohérence et d’actions climatiques concrètes.

C’est pourquoi, nous demandons au gouvernement d’agir, afin que :

justice

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Pour aller plus loin

flèche Parcourir le rapport

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flèche À propos d'Oxfam-Québec

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