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Montréal, le 30 mars 2020 – Oxfam estime qu’une enveloppe de près de 160 milliards de dollars est nécessaire pour sauver des millions de vies face à la pandémie de coronavirus. Cette enveloppe vise à annuler immédiatement les dettes des pays pauvres ainsi qu’à financer un plan mondial de santé publique et d’intervention d’urgence. Ce plan mondial en cinq points permettrait aux pays pauvres de prendre des mesures pour prévenir la propagation de la maladie et renforcer les capacités des systèmes de santé à prendre en charge les personnes touchées.

La propagation de la COVID-19 va s’accélérer dans les pays pauvres

La pandémie a causé de grandes souffrances dans les pays riches, submergeant certains des meilleurs systèmes de santé du monde. Or, étant donné que la maladie a désormais atteint de nombreux pays en développement marqués par un taux élevé de pauvreté et de fortes inégalités, la propagation va s’accélérer et les défis de santé publique seront d’autant plus importants.

Près de 3 milliards de personnes dans les pays en développement n’ont pas accès à de l’eau potable. Des millions d’autres n’ont pas de soins de santé adéquats et vivent dans des bidonvilles surpeuplés ou des camps de personnes réfugiées. Dans ces lieux, les mesures d’isolement social sont impossibles à mettre en œuvre. De plus, les femmes font partie des groupes qui seront les plus durablement touchés, car elles représentent 70 % des travailleuses et travailleurs de la santé et assument la plupart du fardeau de soins non rémunérés dans le monde.

« Au Mali, il n’y a que trois respirateurs pour un million de personnes. En Zambie, il n’y a qu’un médecin pour 10 000 personnes. Forte de son expérience dans la lutte contre le virus Ebola, Oxfam sait qu’une action rapide permettrait de ralentir la propagation de cette maladie et d’enrayer son impact catastrophique. Cependant, il faut agir dès maintenant et à une échelle jamais vue auparavant. Sans une action urgente, ambitieuse et historique, nous pourrions facilement assister à la plus grande crise humanitaire depuis la Seconde Guerre mondiale. »
— Jose Maria Vera, directeur général intérimaire d’Oxfam International.

Une aide d’urgence est nécessaire pour sauver des millions de vies

L’Imperial College de Londres estime que jusqu’à 40 millions de personnes dans le monde pourraient perdre la vie si nous ne prenons pas des mesures urgentes. Oxfam a calculé qu’il faudrait 159,5 milliards de dollars pour doubler les dépenses de santé des 85 pays les plus pauvres, où vit près de la moitié de la population mondiale. Ce montant représente moins de 10 % du plan de relance économique proposé aux États-Unis en réaction au coronavirus. Si certains bailleurs institutionnels ont commencé à augmenter leur financement, ces fonds restent largement insuffisants pour répondre à ce défi colossal.

« La crise que nous vivons est majeure mais, au Québec, nous avons la chance de pouvoir compter sur un système de santé solide et universel. Cela fait partie des principales raisons pour lesquelles nous pourrons vraisemblablement bien nous en sortir. Mais toutes et tous n’ont pas cette chance. Dans les pays pauvres, le manque d’accès à des soins de santé de base et à des moyens efficaces de prévention menace les populations les plus vulnérables. Dans les camps de personnes réfugiées, la situation est extrêmement préoccupante. Et nous savons que les femmes sont plus à risque puisqu’elles représentent une large majorité de la main-d’œuvre en santé et s’occupent principalement de fournir les soins à leurs proches. Si nous voulons éviter la mort de millions de personnes, il faut agir maintenant. »
— Denise Byrnes, directrice générale d’Oxfam-Québec.

Oxfam est à pied d’oeuvre pour prévenir la COVID-19 dans les régions à risque

Avec des partenaires locaux, des ministères de la Santé et les principales agences des Nations Unies dans 65 pays, Oxfam travaille pour répondre à la crise et aider à sauver des vies.

  • À Cox’s Bazar, au Bangladesh, où plus de 855 000 Rohingyas vivent dans des camps de fortune, Oxfam a déjà renforcé les mesures préventives telles que la distribution de savon et la mise en place de stations pour se laver les mains dans les installations communes pour aider quelque 70 000 personnes réfugiées.
  • Dans le camp de Zaatari, en Jordanie, qui est le plus grand camp de personnes réfugiées en provenance de la Syrie au monde, Oxfam a déjà commencé à sensibiliser 2 000 enfants à l’hygiène et à l’importance de se laver les mains. L’objectif serait de desservir 78 000 personnes en eau, hygiène et assainissement.
  • Au Burkina Faso, où 780 000 personnes sont déplacées à l’intérieur du pays, Oxfam travaille actuellement dans certaines des plus grandes zones de personnes déplacées internes pour s’assurer que les communautés d’accueil et les personnes déplacées ont accès à de l’eau potable.

Tous les gouvernements doivent appuyer et financer intégralement le plan mondial de réponse humanitaire des Nations Unies afin de répondre aux besoins humanitaires criants qui se présentent.

Un plan mondial en 5 points doit être lancé pour s’attaquer au virus

Oxfam exhorte le G20 et les autres gouvernements du monde à s’attaquer de front au virus en adoptant un ambitieux plan mondial de santé publique et de réponse d’urgence. Dans ce plan en cinq points, nous demandons :

  1. Un énorme investissement dans la prévention. Promotion de la santé publique, mobilisation communautaire, accès des intervenant-e-s humanitaires aux pays dans le besoin, approvisionnement en eau potable et mise en place d’installations sanitaires, en particulier pour que les gens puissent se laver les mains.
  2. La mobilisation de 10 millions de nouvelles personnes rémunérées et protégées travaillant pour la santé, conjointement avec l’acheminement en toute urgence de fonds et d’équipement pour les intervenantes et intervenant locaux et le personnel humanitaire agissant sur le terrain.
  3. La gratuité des soins de santé. Tous les soins de santé, les tests et les traitements doivent être gratuits.
  4. La réquisition par les gouvernements de tous les établissements de santé privés. Les gouvernements doivent réquisitionner l’ensemble des capacités de soins de santé de leur pays, en veillant à ce que tous les établissements, tant privés que publics, se consacrent à lutter contre ce virus et à répondre aux autres besoins de santé essentiels.
  5. La disponibilité des vaccins et des traitements en tant que bien public mondial. Nous devons parvenir à un accord mondial pour veiller à ce que les vaccins et les traitements, lorsque prêts, soient rapidement et gratuitement mis à la disposition de ceux et celles qui en ont besoin. Les profits des entreprises pharmaceutiques ne peuvent avoir préséance sur le bien et l’avenir de l’humanité.

« Il est compréhensible que les personnes dirigeantes du monde s’emploient à aider leurs propres citoyennes et citoyens, mais le G20 doit également se pencher sur la situation des pays pauvres et leur venir en aide. Nous ne vaincrons cette pandémie que si nous agissons en solidarité avec chaque pays, en aidant chaque individu. Personne ne sera en sécurité tant que tout le monde ne le sera pas. »
— Denise Byrnes, directrice générale d’Oxfam-Québec.

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